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Photo : © Association Orgue en Baigorri

Le patrimoine religieux du Pays Basque

Euskal Herriko erlisionezko ondarea

Excursion Anaïs

Le Pays Basque est connu pour ses traditions. Et parmi celles-ci figure un attachement important au patrimoine religieux, aux symboles et aux anciens rites. Des églises, en passant par les petites chapelles, et les traditions encore vivantes aujourd’hui, je vous propose un tour d’horizon un peu différent de notre région. 

Les églises du Pays Basque

Euskal herriko elizak

Il y a au Pays Basque un attachement très fort dans chaque village pour les églises. C'est un peu le monument central, et quelques caractéristiques sont à mettre en lumière.

Les galeries

Tout d’abord, l’élément typique est la rangée de galeries en bois. Certains appellent cela également des “balcons intérieurs”. A la base, comme dans toutes les églises, le monument ne comptait que la nef centrale pour accueillir les fidèles.

Au XVI° siècle, avec l’arrivée et la culture abondante du maïs, on assiste à un boum démographique. Du coup, de plus en plus de monde se présentait le dimanche à l’église. C’est à ce moment-là que l’on construit au Pays Basque, les galeries. Selon les endroits et la masse de population, il pouvait y avoir entre une et trois galeries. Donc plus vous observez de rangées de galeries dans une de nos églises, plus vous savez que la population du lieu était importante au moment de la construction de ces dernières. Les artisans de ses tribunes étaient les charpentiers. D’ailleurs sur les églises de la côte basque et proches, les artisans de ces galeries étaient les charpentiers de marines.  

 

Les murs

Les murs de nos églises sont souvent très épais. Ils étaient construits en pierres et laissés tels quels ou bien passés à la chaux (d’où la couleur blanche). Sur la région de Saint Jean Pied de Port, vous pourrez aussi observer des églises construites en pierre de gré rose de l’Arradoy, ce qui les rend reconnaissables de loin ! En Soule, c’est le mur de façade qui est remarquable. Ils supportent un clocher dit “trinitaire” ou bien “calvaire”. Les trois pointes, si elles sont de la même hauteur forment un clocher trinitaire (la sainte trinité). Si la pointe centrale est plus haute, le clocher est dit “calvaire”, en référence au calvaire du Christ sur la croix. 

Le retable

Les retables basques se remarquent tout de suite. En général, ils sont richement ornés de peintures, de statues et de dorures. Les couleurs sont souvent éclatantes. Pour les retables de la côte basque, vous pourrez voir des similitudes avec l’architecture des retables baroques espagnols. 

Les chapelles à ne pas manquer

Les Chapelles souletines

Saint Antoine, Saint Grégoire, Sainte Madeleine et Sainte Barbe cheminaient sur les routes de Soule. Un jour, Sainte Madeleine voulut se poser, et décida de s’arrêter sur la colline, au-dessus de Tardets. Saint Grégoire, ne voulant pas la laisser seule, décida de s’installer sur une colline en face pour garder un œil sur elle. Pour Saint Antoine, secrètement amoureux de Madeleine, hors de question de la laisser seule avec Grégoire. Il s’installa donc sur une troisième colline pour surveiller les deux premiers. Et Sainte Barbe, pour garder de loin un œil sur tout ce petit monde, s’installa sur la quatrième hauteur.

Aujourd’hui, depuis la chapelle Sainte Madeleine de Tardets on peut donc voir les chapelles de Saint Antoine et Saint Grégoire.

Les stèles discoïdales

Hilharriak

Indissociables du patrimoine religieux du Pays Basque, les stèles discoïdales jalonnent nos cimetières. Ce sont des monuments funéraires emblématiques, de par leur forme. La base en trapèze, représente la vie terrestre, et la partie supérieure, en forme de cercle, représente la vie dans l’au-delà. Le monument dans son entier symbolise le passage de l’âme du défunt, de la vie terrestre à la vie céleste. Très souvent la partie ronde est gravée d’une croix basque (“lauburu”), de symboles représentant la nature, ou encore la vie du défunt. Vous ne verrez jamais le nom du défunt sur la stèle, mais très souvent le nom de la famille. 

Un peu délaissé à partir du XVIII° siècle, la stèle revient de plus en plus dans les mœurs. Le mot en basque “hilarri” vient de “hil - la mort” et “arri - la pierre”. On observe souvent des regroupements de stèles au même endroit dans nos cimetières. C’est l’association Lauburu, qui dans les années 90, a fait le tour des cimetières pour aider à la préservation des stèles. Certaines, parmi les plus anciennes datent d’avant le XVI° siècle ! 

Le meilleur endroit pour en apprendre plus sur ces monuments reste le Centre d'interprétation des stèles du Pays Basque, au village de Larceveau-Arros-Cibits.

EN SAVOIR

Les traditions domestiques

Etxeko ohiturak

Au Pays Basque, le patrimoine religieux est très souvent en lien avec des traditions dites “domestiques”. Ce sont des rites hérités pour la plupart de l’ancienne religion des basques, avant l’évangélisation.

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Photo : © Wikipédia

La prière aux abeilles

Chaque maison ayant un rucher, le jeune maître de maison, au moment du deuil, était chargé de prévenir la ruche du décès et les abeilles allaient ensuite porter la nouvelle aux alentours. Ne manquez pas le centre Herauskoritxe pour en apprendre plus sur cette tradition et sur la myhologie basque

EN SAVOIR

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Photo : © OTPB

L'ezkoa et le jarleku

Avant, les tombes se trouvaient dans les églises. Le sol des églises étaient en fait constitués des tombes familiales et en marchant, on pouvait voir les noms des familles. Les femmes, gardiennes des vivants et des morts de la famille, venaient s’assoir sur l’emplacement de leur famille, ce qu’on appelle un “jarleku - l‘endroit où l’on s’assoit”. Elles y étendaient un drap et faisaient brûler la bougie du deuil, l’ezkoa.

C’est une bougie fabriquée en cire d’abeille, enroulée sur elle-même et qui pouvait brûler pendant très longtemps. C’est de cette tradition que vient l’image du “les hommes en haut, les femmes en bas” dans nos églises. Les femmes avaient pour rôle de veiller sur la famille au grand complet et pendant l’office, les hommes étaient donc relayés au fond de l’église, jusqu’à la construction des galeries. 

La benoite

Serora

Si je vous parle de patrimoine religieux, je ne peux donc pas passer à côté du sujet de la benoîte.

La première mention qui a été faite d’une benoîte en Pays Basque français date du XVII° siècle. C’est donc “un art séculaire”. Il est vrai que le clergé masculin catholique de l’époque, n’appréciait pas trop la présence de ces dernières, mais a consenti à les accepter, en leur donnant un rôle subalterne.

À contre cœur toutefois, puisque certaines de ces femmes étaient assimilées à des sorcières, notamment par le grand inquisiteur du XVII° siècle qu’a été Pierre De Lancre. Il les considérait comme de femmes de mauvaises vies, pervertissant les prêtres et servant de véhicule au dessein du démon. Rien que ça ! En Labourd, certaines benoîtes termineront d’ailleurs sur le bûcher. L’art de la benoîte, qui est, on suppose, un vestige de l’ancien clergé féminin, hérité de l’ancienne religion des basques, a connu son apogée du XVII° siècle jusqu’au milieu du XIX° siècle. Cette dame était nommée parmi les femmes de la paroisse, et par les femmes seulement (en de très rares occasions le seigneur local ou l’évêque ont eu leur mot à dire …). Les critères de sélection étaient rigoureux : une jeune femme célibataire, de plus de 30 ans, pieuse, et de bonne réputation.  

Au fil des années les critères vont peu à peu s’assouplir, et certaines femmes mariées ont tenu le rôle de benoîte, comme Marie Louise Cadiou, dernière benoîte de Bascassan ! 

Marie-Louise Cadiou, la dernière benoîte de Bascassan

lever de soleil sur la chapelle de bascassan - vue de la benoiterie avec la chapelle et le cimetiere
OTPB

La benoiterie de Bascassan

maison de la benoîte - entrée de la chapelle de bascassan
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Pour faire simple, une benoîterie, c’est la maison où vivait la benoîte. La  benoîterie de Bascassan est l’une des dernières du Pays Basque, avec celles de Arbonne, Succos et St Pierre d’Irube. Toutes figurent sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Une chance d’ailleurs, car presque toutes les benoîteries avaient disparu en Pays Basque dans les années 80. De part ces dimensions immenses (4m x 3m) la benoîterie de Bascassan est considéré comme le must, la rolls des benoîteries. “Serorategia”, “la maison de la soeur”, en basque.

Pour vraiment tout savoir sur cette église, voici le blog de M Ellande Duny-Pétré qui a rassemblé beaucoup d'informations sur le sujet.

EN SAVOIR

Les principaux sites

Gune nagusiak

La Fête-Dieu ou "Besta Berri"

Besta Berri

Encore aujourd’hui chez nous, certaines fêtes religieuses sont très marquées, et des traditions perdurent. Principalement célébrée en Labourd et en Basse Navarre, au mois de juin, "Besta Berri" allie le profane et le sacré. En effet, le point d’orgue de Besta Berri est le défilé en costumes, avec danses, chants et musique des jeunes du village. Le défilé se termine dans l’église et est suivi de la messe (où en temps normal il est interdit de danser).

Fête-Dieu à Iholdy

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Photo : © Pierre Carton

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